• 2H30 une nuit de juin, quelque part dans les Alpes (part 2)

    Je ne sais pas depuis combien de temps ils sont là : ils dorment tous dans leurs voitures quand j'arrive sur le parking. Le bruit du moteur ou les phares réveillent mon Guide favori ; je devrai dire Ma Guide favorite, puisque il s'agit d'une femme. Anglaise de surcroît. Il y a très peu de temps que nous nous revoyions. Notre première rencontre date des années 80, à l'autre bout de la France, dans un camping près de Royan. Mon père n'avait qu'une envie : me faire travailler mon foncier. Je n'avais qu'une envie : faire le pitre avec mon BMX pour charmer les minettes du camping. En rencontrant Kathy, j'ai vite tout laissé tombé : le vélo de route avec mon pére, la frime avec mon GT. Bas les masques. Nous avions 12 et 14 ans. Nous avons passé trois semaines ensemble. Jamais nous ne nous sommes embrassées. Kathy est repartie. Nous nous sommes écris souvent. Les mois sont passés, les années. Les lettres ont été moins fréquentes puis ont disparues. Nous n'avions pas la chance d'être à l'ère internet. Janvier 2004 : une station branchée mais authentique de Savoie. Troisième magasin dont je passe la porte à la recherche désespérée de broches à glace. Il en faut seulement trois de plus pour faire la voie qui m'intéresse. A part des fringues pour le ski, les planches et les chaussures rien de technique. Pourtant c'est le magasin qui abritait avant les Guides de Hautes Montagnes. Je comprends mieux pourquoi ils sont partis. Un espoir renaît quand j'aperçois une vitrine dans laquelle trônent deux mousquetons et un piolet. C'est une scène digne d'un samedi après-midi aux Galeries Lafayette. Comment trouver dans cette foule de touristes encombrés de sac un vendeur ? Une jeune femme se dirige vers moi.. C'est une vendeuse ? Non, sûrement pas compte-tenu de la façon dont elle est habillée. Elle me sourit. Panique : je la connais ? Non... Si si...Aahh... Zut sa tête me dit quelque chose... Avec l'accent anglais le plus sexy que je connaisse elle me dit « Il n'y a pas de broches non plus ici... ». Ca y est : c'est la femme du premier magasin... Je ne suis pas plus avancé. Blanc. Elle enchaîne qu'elle est très embêtée car elle avait prévu de faire une cascade de glace demain, qu'elle n'a pas de voiture pour descendre à Bourg et que de toute façon il neige de plus en plus : elle n'aurait jamais osé y aller toute seule. Je lui explique que je suis dans la même situation mais compte-tenu de l'heure je vais descendre dans la vallée ; elle a juste à me dire le nombre, la marque et les dimensions qu'elle souhaite que je lui ramène. Nous aurons juste à nous donner rendez-vous dans un bar plus tard pour lui donner le précieux matériel. Blanc. Il y a trop de bruit autour de nous pour entendre le vol des mouches. « Ok, mais je viens avec vous ». Dehors il y a dix centimètres de poudreuse sur la route. Le temps de repasser chez moi prendre les clés, un thermos de thé et nous voilà sur la route de la vallée. Le chasse-neige n'est pas encore passé. Durant dix kilomètres nous sommes tout seul. Je lui demande depuis combien de temps elle est Guide, les raisons qui l'ont poussées à faire  ce métier, pourquoi la France... Elle me raconte qu'elle connaît la France depuis qu'elle a 12 ans. Qu'elle a adoré Que pendant cinq ans qu'ils sont retournés chaque été au même endroit sur les bords de l'atlantique. Qu'à ses vingt ans elle est partie avec ses copines à la montagne : ça a été la révélation. Silence. Quoique tout soit relatif avec le bruit du frein moteur en direct live dans les oreilles. Naïvement je renchéris : « j'adore l'atlantique l'été : où alliez-vous ? ». Elle me regarde avec un grand sourire «  Do you know Royan, near Arcachon ? ». Pour rétrograder, je fais craquer la troisième (j'ai oublié de débrailler). Cela a pour effet de transmettre un franc ralentissement aux quatre roues qui, en se bloquant, met en travers le Land. Contre-braquage, frein : j'immobilise le tracteur dans le sens inverse de notre route. « Euh pardon Kathy... Vous avez dit Royan... ? » sur le ton de la plaisanterie je rajoute «  Vous faisiez du camping près de l'aérodrome... ». Avant même qu'elle ait commencé sa phrase, mon esprit ressort dont on sait où le souvenir d'un visage oublié durant tant d'année. « Oui un camping très sympa dont je garderai une rencontre... ». Elle stoppe sa phrase. J'essaie d'éviter son regard pour qu'elle ne s'aperçoive pas de mon trouble en m'activant à remettre le Land dans la bonne direction. « Dan ? » « Oui ? »...

  • Commentaires

    1
    Marie
    Mardi 4 Octobre 2005 à 01:04
    Hum...
    ... la suite ! La suite ;-) T'embrasse !
    2
    Princesse de Rien...
    Samedi 8 Octobre 2005 à 12:41
    Dan...
    Je ne sais combien de temps je serai absente, il n'y a aucune régularité. Je ne suis pas chez moi, en ce moment... J'espère juste vous parler à nouveau... le plus vite possible... Et j'aimerais aussi découvrir le visage qui se cache derrière cette facade de pixels... J'espère... Je tenterai de m'évader de ma tour pour me rendre dans un cyber café... ;) Je vous embrasse, je pense fort à vous... Continuez à écrire...
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